Paris 44
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 Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]

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Ex Nihilo
a.k.a Oscar Rade

Ex Nihilo

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MessageSujet: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyVen 9 Juil - 22:23

Evidemment ! Click ♫
Ex Nihilo s'appelle aujourd'hui Oscar Rade, il a 15 ans.


Oscar Rade était un garçon tout à fait normal. Un jeune garçon qui, comme tous les autres garçons de son âge, s’ennuyait ferme en temps de guerre. Mais Oscar Rade, encore plus que tous les autres, ne pouvait guère avoir de loisirs ni de grande joies exubérantes en ces temps noirs. C’est qu’Oscar Rade s’appelait en réalité Noah Lebrun, mais il y avait déjà dans son prénom une consonance qui déplaisait aux maîtres de ces lieux. Aussi, le plus grand plaisir de ce jeune homme était de se balader dans Paris, en plein jour, et sans signalisation – contrairement à ce que voulait la loi. Sans cette tâche informe qui, plus qu’une ridicule aberration sur son manteau, était surtout un véritable insigne de honte.

Quoiqu’il en soit, il était donc de sortie. De bonne heure certes, mais c’était déjà prendre beaucoup de risques. On l’avait déjà surpris à ne pas porter l’étoile, et les policiers de son quartier connaissaient ses traits. Il les avait évité, empruntant tous les détours qu’un enfant seul peut se permettre d’emprunter et avait débouché sur une grande artère.

Il avait ramassé un journal, laissé sur une chaise de café, sûrement par un gentleman un peu pressé de rejoindre sa fiancée. Ou par un allemand, en vacances dans Paris, alors que les français eux-mêmes ne peuvent plus se promener tranquilles dans leur propre pays.

Oscar aimait bien se documenter. Son père lui avait appris que l’information était une arme redoutable, et le petit suivait, docile, les conseils avisés de l’autorité paternelle.
Le quotidien donnait un semblant de nouveauté :

"Encore une victime du « Grand Méchant Loup » hier soir. Un homme, d’une trentaine d’années, à été sauvagement assassiné alors que la nuit était à peine tombée. Nous rappelons à nos lecteurs que c’est déjà le troisième meurtre que l’on a attribué au Grand Méchant Loup. Ce sanguinaire a quelque chose d’inhumain, et il semblerait que la façon dont il déchiquette ses victimes ne soit pas l’œuvre d’un quelconque instrument mais de véritables griffes qui seraient une prolongation de…"


Oscar avait arrêté de lire. Ben voyons… Avec toutes ces agitations à propos de "race nouvelle" que les allemands auraient apporté en même temps que le fléau nazi, on inventait tout un tas d’élucubrations plus ahurissantes les unes que les autres. Ce « Méchant Loup » était devenu la coqueluche du monde scabreux et mondain, toujours à l’affut des derniers potins qui pourraient faire frémirs mesdemoiselles. N’importe quoi.

Il avisa une petite vieille qui avançait plus lentement que lui. Il lui tapota l’épaule en tendant le journal :
« Bonjour Madame, le journal de ce matin, avec les nouvelles les plus fraîches pour 7 deustchmarks, ça vous dit ? C’est le dernier, je vous fais un prix ! »
Avec une voix qui se voulait à la fois douce et convaincante… 7 deutschmarks, ce serait suffisant pour s'acheter quelques sucreries.
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Charlène Roquebleuet

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyVen 9 Juil - 23:40

Oscar Rade n'était qu'un enfant anonyme dans une foule sans visage, un petit être perdu dans la grande vague qui battait le pavé parisien. C'était un jeunot, à peine sorti de l'enfance, qui voulait encore des sucreries et qui refusait de se plier aux convenances, qu'elles soient imposées par son père ou par les nazis. C'était un gamin que tout le quartier avait déjà aperçu, une fois, de loin, dans une ruelle... Mais surtout, Oscar Rade était un jeune enfant qui venait de faire une énorme, une terrible, une abominable erreur. La presse ne parlait que du "Grand Méchant Loup", un psychopathe dresseur de fauves selon certain, un fou sanguinaire lâché sur le Tout Paris qui tremblait, qui criait! Par malchance, Oscar Rade était tombé sur bien pire encore.

Sur Madame Ragotin.

Cet inconscient tapota l'épaule de la vieille femme ridée, tirée; et Dieu sut alors que son destin était scellé. Toute sa vie durant, le jeune juif serait marqué du fer rouge de la dame grise. Chaque soir il se retournerait en pensant à cette aigrie rageuse, mordante, persiflante. En un mot, dès que la main d'Oscar Rade toucha l'épaule de Charlène Roquebleuet, il fut condamné. Il allait lui proposer un journal, un journal français pour de l’argent allemand – Charlène pensa « sale ! » - un journal idiot pour de l’argent gâché – Charlène pensa : « sale ! ». Et surtout, Charlène vit les ongles noircis du pauvre gamin ; et elle lui dit : « sale ! »

« Sale petit garnement ! voyou ! vaurien ! imbécile ! illettré ! débile ! attardé ! mongolien ! irréfléchi ! apatride ! métèque ! peu-te-chaud ! psithaciste ! fatrasiste ! uni-exégiste ! arracheur de dent ! Ta mère est une grenouille amazonienne verte comme la honte sur les blasons ! Même Buffon aura refusé de reconnaître ta bêtise pour autre chose qu’un microbe ! Malade ! Morbide ! Morveux ! Faquin ! »


Et elle de partir dans de grandes inspirations d’air, tant elle avait perdu de souffle dans sa verve. Elle attrapa violemment la main du pauvre enfant, qui devait alors comprendre qu’il avait fait en cette fois l’erreur la plus fatale et la plus grotesque qui fut : celle de croiser celle qu’on ne veut jamais croiser. Pire que le croquemitaine, voici, Charlène ! scandait-on pour effrayer les enfants. Ah ! Si pour Oscar Rade, cela eût pu être seulement une chanson…

« Si tu veux un journal, apprend avant à lire ! Il n’est pas de fatras qui ne vaille donc pire que ce bout de papier taché par l’ineptie ! Vois ce que tu as fait et aussi réussi : tu maries ignorance, avarice et arnaque ! Et tu voudrais encore que pour cela je raque ! »

Et ce ne fut que le début d’une triste, d’une longue, et d’une affreuse chanson : même Maître Raguenot aurait fait plus subtil, et il faut l’avouer, la violence du langage enfla de telle manière que je me refuse à relater ceci plus en avant.
Aussi, ayant passé cinq bonnes minutes à agonir d’injure le pauvre enfant qui n’avait fait que tapoter l’épaule d’une vieille dame pour quelque sucrerie, Charlène se trouva fort mal, car ayant tant crié elle avait échaudé sa voix et était sur le point de défaillir, quand, agrippant le chenapan, elle lui murmura de sa langue devenue cadavérique :

« Mais trouve-moi un banc, ou tu vas regretter de m’avoir en ce jour d’aujourd’hui mal traitée… »
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Ex Nihilo
a.k.a Oscar Rade

Ex Nihilo

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptySam 10 Juil - 1:47

« Sale petit garnement ! voyou ! vaurien ! imbécile ! illettré ! débile ! attardé ! mongolien ! irréfléchi ! apatride ! métèque ! peu-te-chaud ! psithaciste ! fatrasiste ! uni-exégiste ! arracheur de dent ! Ta mère est une grenouille amazonienne verte comme la honte sur les blasons ! Même Buffon aura refusé de reconnaître ta bêtise pour autre chose qu’un microbe ! Malade ! Morbide ! Morveux ! Faquin ! »

JEeeee, je, je ! je n’ai rien fait de mal par pitié ! Sous l’émotion, les dents grincèrent et le journal glissa de la main pour s’étaler comme une estrasse sur le pavé sale ou souillé par les pas des passants.

« Euh, je, q… » Balbutia t-il, mais la vieille n’avait pas dit son dernier mot. Et après les injures suivit la morale, plus décapante encore – si possible… que la diatribe d’introduction.

« Si tu veux un journal, apprend avant à lire ! Il n’est pas de fatras qui ne vaille donc pire que ce bout de papier taché par l’ineptie ! Vois ce que tu as fait et aussi réussi : tu maries ignorance, avarice et arnaque ! Et tu voudrais encore que pour cela je raque ! »

Dans une grimace, Oscar osa lever le bras à hauteur de sa poitrine, comme si ce geste pouvait lui être salutaire, comme si dans ce mouvement, il trouverait un moyen de se protéger. Pourtant, il ne se sentait pas plus en sécurité sous ce bouclier, car les flammes que le dragon crachait étaient bien trop ardentes pour que ce lambeau de chair humaine puissen y résister. Mais après quelques secondes, Oscar détendit ses yeux et se permit de baisser la garde. Y voyait-il correctement ? Il ne rêvait pas, n’est-ce pas ? Le dragon était bel et bien en train de perdre de sa superbe, le monstre arrivait à cours de force, il perdait le souffle, n’est-ce pas ? Les traits du garçon s’adoucirent à nouveau, jusqu’à ce qu’entre deux reprised d’haleine, la dame âgée, pour ainsi dire, réussisse à articuler une phrase à peu près aimable…

« Mais trouve-moi un banc, ou tu vas regretter de m’avoir en ce jour d’aujourd’hui mal traitée… »


Il fallut un certain temps avant que l’information n’arrive au cerveau. Oscar, penaud et maladroit, fit une fois de plus trébucher sa langue. Une fois de plus, sous le coup de l’émotion…
« Euh, ban… un banc ! Je, je, oui suivez ici, moi, je vais vous conduire… à un banc, tout de suite ! » Il se reprit, récupéra hâtivement le journal blessé et aida la Ragotin à ramper jusqu’à la terre promise.

Transformé en canne humaine, il servait d’appui à la vieille, ce qui le mettait mal à l’aise. Etant embarrassé il avait encore plus de difficulté à réfléchir et à analyser son environnement. Banc, banc, banc… En pleine rue commerçante ! Ah ! Mais il y avait toujours ce fameux café… Faisant demi tour tant bien que mal, il remonta la rue, fière béquille, fière monture et traina son Don quichotte jusqu’à la terrasse.

Il y commanda un verre d’eau et un sirop d’orgeat, pour lui. Il s’en voulait tellement qu’il était prêt – ou plutôt forcé par la honte et le destin – à prendre le risque de frauder pour cette dame. Tout rouge comme un voleur pris sur le fait, il essaya de changer d’attitude. Il avait été bien éduqué après tout, non ?
« Euh, je, vous l’avez déjà lu, c’est ça ? C’est que… je voulais juste m’acheter un coco boer… Et depuis que les allemands ont arrêté les tickets de rationnement, on peut s’acheter quelques broutilles, mais tout est tellement cher… »

Il aurait aimé mourir… ou même tomber sur un policier… la boule au creux de son estomac eut été plus agréable et moins tenace… Pitié, madame… ne me mangez pas…
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Charlène Roquebleuet

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptySam 10 Juil - 12:47

La Folle de Paris avait pris l’air du bouledogue prêt à mordre. Les lèvres figées en un rictus mauvais, un éclat de condescendance dans les yeux, et les rides autour du visage – pour peu, on l’aurait prise pour le « Grand Méchant Loup »… mais en plus vieux et plus aigri. Elle avait posé les mains sur la table devant elle ; et pianotant du bout des doigts, elle dévisageait le jeune garçon devant elle. Il n’était pas vraiment très remarquable ; il ressemblait beaucoup à tous les gamins de Paris. Cheveux bruns, court, une tenue banale : Charlène comprenait (bien qu’elle le réprouvasse) qu’il veuille arnaquer une vieille femme. Elle lâcha un petit soupir dédaigneux. Il était comme tous les jeunes : il ne respectait rien ! Ni les lois, ni les mœurs, ni les convenances, et surtout, ni les vieux. C’était Charlène elle-même qui avait dû lui demander un banc tant elle était épuisée ! Et le jeune garçon n’y avait même pas pensé ! Alors qu’elle venait de lui expliquer son erreur, il se montrait ingrat ! Aussi Madame Ragotin, face au pauvre étranger, avait cet air méchant.
Elle ne disait rien. Elle ne faisait que le fixer, que le regarder sans bouger ni œil ni cil. Quand sa boisson fut venue, la vieille s’en empara et la termina d’une traite. Un sirop d’orgeat. Elle détestait ça. Ce garçon avait-il tout fait pour la contrarier ?Non, non, encore il aurait pu se chercher des excuses, refuser d’admettre qu’il s’était grandement fourvoyé. C’est pourquoi Charlène ouvrit des yeux grands comme des soucoupes quand le petit se mit à lui parler de ses bonbons.

« Comment ! tu oses dire à quel point ton argent t’a corrompu le cœur, les pensées et les dents ! En ce grand temps de trouble aurais-tu oublié que rigueur et bonté n’en sont que plus liés ! Fi ! honte à toi jeunot, car ainsi tu préfères les douceurs de la bouche à celle d’être fier. Nourris donc ton esprit ! engorge-toi plutôt de poèmes, de mots, et revêts le manteau des gens nobles d’esprit et libres de pensées ! Tu voulais donc me vendre un journal, or, tu sais que le temps que je prends pour ainsi t’éduquer m’est précieux, c’est pourquoi je ne veux le gâcher ! »

Elle aurait pu aboyer ces mots, les lui cracher à la figure ; de toutes manières, c’était déjà fait, elle lui avait inculqué les principes les plus simples pour vivre en communauté. Vraiment, on avait mal éduqué ce pauvre petit ! Il revendait des journaux pourquoi ? pour des caries ! Il aurait dû avoir honte, se terrer quelque part plutôt que de ressasser ses erreurs ! Pourquoi faisait-il cela ? Pour choquer Charlène ! Honteux, honni soit qui tant y pense !

« Mon petit ! je serais honteux si j’étais toi. J’essayais tout à l’heure d’induire les lois permettant à chacun de vivre en harmonie avec tous ses voisins. Au lieu de ce sirop bois plutôt le raisin de la vigne du sage et du vrai patriote. La Louise d’Aragon n’est sûrement pas sotte et tout ce qu’elle écrit tu devrais le connaître… Ainsi peut-être un jour tu pourrais reconnaître l’ivraie du grain semé, la lie dans le bon vin, le corbeau du moineau et du pain le levain. »
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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyDim 11 Juil - 15:51

« Comment ! tu oses dire à quel point ton argent t’a corrompu le cœur, les pensées et les dents ! En ce grand temps de trouble aurais-tu oublié que rigueur et bonté n’en sont que plus liés ! Fi ! honte à toi jeunot, car ainsi tu préfères les douceurs de la bouche à celle d’être fier. Nourris donc ton esprit ! engorge-toi plutôt de poèmes, de mots, et revêts le manteau des gens nobles d’esprit et libres de pensées ! Tu voulais donc me vendre un journal, or, tu sais que le temps que je prends pour ainsi t’éduquer m’est précieux, c’est pourquoi je ne veux le gâcher ! »

Le petit plissa les yeux encore. Mais que diable avait-il encore fait ? C’est qu’elle n’était pas croyable, la mamie ! N’avait-il pas été assez gentil en l’aidant, et malgré son flot d’infamie. C’est qu’il aurait pu la laisser, la troisième âge, agoniser sur place et devant tout le monde. Mais c’est alors qu’il se sentit honteux. Véritablement. Il ne se savait pas capable de pensées si méchantes mais cette… dame, cette femme, elle lui faisait monter la colère dans le sang. Il était déjà suffisamment rouge de honte d’avoir été pris sur le fait, et il fallait encore qu’elle en rajoute… Il avait envie de bouder.

Et en plus, il ne savait pas quoi répondre. Elle lui avait donné non pas l’impression mais la certitude que quoiqu’il puisse dire ou faire, il serait enfilé au travers de son fer acerbe et aiguisé. Elle ne le ratait jamais.

Pestant contre la chance ou le destin, il repensa à la légende de la Ragotin. Son sang ne fit qu’un tour avant de se figer, glacé de peur. Et si c’était elle ? Fichtre ! Certes il y avait des gens, séniles et vieux, et surtout agaçants et acariâtres. Mais à ce point ? Ciel, ça ne pouvait être que la Ragotin.
Et Oscar de vouloir s’échapper ou mourir, se terrer sous terre ou pire, se pendre sur le champ… En priant pour qu’un arbre le traverse, sinon ce serait râpé…
Il n’osait même pas imaginer ce qu’elle allait lui faire lorsqu’elle apprendrait qu’il n’avait pas d’argent pour régler son orgeat… Déjà qu’elle le fusillait du regard parce qu’il osait le siroter…

« Mon petit ! je serais honteux si j’étais toi. J’essayais tout à l’heure d’induire les lois permettant à chacun de vivre en harmonie avec tous ses voisins. Au lieu de ce sirop bois plutôt le raisin de la vigne du sage et du vrai patriote. La Louise d’Aragon n’est sûrement pas sotte et tout ce qu’elle écrit tu devrais le connaître… Ainsi peut-être un jour tu pourrais reconnaître l’ivraie du grain semé, la lie dans le bon vin, le corbeau du moineau et du pain le levain. »

Le voilà resservi, au cas où il n’aurait pas était rassasié après la première rasade. Il pensa à son père, qui pourtant, contrairement à ce que dit le fieffé narrateur, ne l’avait pas si mal éduqué. Mais c’était un homme ordinaire, et Oscar, qui aurait voulu pouvoir se défendre, fut contraint de reconnaître qu’à part les classiques de lettres, il ne connaissait pas de grands noms. Cette Louise ? inconnue !

Néanmoins, que cette femme l’agaçait… pourtant, il ne pouvait pas tout à fait souhait sa mort. Outre qu’on lui avait appris à respecter la vi… sagesse, ce qu’il faisait avec la plupart de ses représentants, il ne voulait surtout pas attirer de foudres sur sa famille. Hé ! imaginez qu’il l’eut laissé s’étouffer, la police serait bien fichue de dire que c’était sa faute à lui, et sa famille qui était déjà surveillée auraient sûrement des problèmes. Et cela, il ne le pouvait.

Alors, il essaya de changer de sujet…
« Vous… vous n’y croyez pas… alors… vous non, » Il faillit dire ‘‘non plus’’ mais se ravisa, pensant que jouer l’imbécile lui serait ici plus profitable, que la mamie serait bien fichue d’être vexée parce qu’il n’était pas conforme à ses attentes, « vous n’y croyez pas, donc, à cette histoire de Grand Méchant Loup… ? »

Allons, la vieille, puisque tu veux m’instruire.. !
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Charlène Roquebleuet

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyLun 12 Juil - 20:50

« Grand Méchant Loup ? »

Elle haussa un sourcil. N’était-il pas un peu âgé pour ce genre de contes ? Peut-être l’avait-elle un peu mis mal à l’aise ; elle n’avait pas hésité à être un peu franche, un peu directe. Elle ne s’était pas montrée impolie pour autant, bien qu’elle eût été choquée par le comportement du petit. Mais tout cela n’expliquait pas qu’il croit encore à ce genre d’histoires à dormir debout…

« Dis-moi, quel est ton nom ? N’es-tu pas un peu vieux pour ces grimaceries qui ne sont que vœux pieux pour coucher les marmots ? Aimes-tu donc ces mots ? »

Son ton avait changé. Elle semblait toujours acerbe et méchante, mais il y avait, audible à l’entendeur averti, une note de curiosité. Bien sûr, elle n’en laissa rien paraître, et même, elle préféra donner un coup de canne dans les tibias du pauvre jeune homme. C’est vrai, on est jamais trop prudent. Avec un air sérieux elle se pencha par dessus la table, approchant son visage du sien. De si près, il aurait pu compter les rides et les poils de sa moustache. N’étant pas réellement quelque chose que je considère comme sain et bien montrable, je ne m’étendrais guère plus sur ce sujet. Croyez-moi, il vaut mieux.

« Il est bien des sujets plus sérieux que le tien. En guise de réponse, idiot, tu n’auras rien ! »

Elle lâcha un soupir, ce qui, à la distance d’où elle était du visage de l’homme le plus malchanceux de la Terre, créa une réaction que vous n’aurez pas de peine à comprendre. Encore une fois, je m’autocensure. Aussi, quand elle s’éloigna en se reposant sur le dossier, elle détourna la tête vers la rue, fixa les passants. Un air d’accordéon jouait au loin – sûrement un sale immigré qui voulait faire la manche ou les poches des passants. Quelques gens bien habillés, aux manières distinguées et quelque peu pédantes passèrent. Charlène marmonna pour elle-même « Ridicules… comme celles de Molière… »
Elle se retourna vers Oscar assez brusquement.

« As-tu jamais ouvert un livre de Molière ? Il est plusieurs écrits qui le rendent très fiers, j’en suis persuadée, jusqu’au fond des enfers. » puis d’un ton cassant : « Mais où courent mes sens ! J’oublie que je m’adresse à un petit enfant qui préfère l’adresse des messieurs fabliaux plutôt que des beaux livres…Même si d’Andersen on puisse se rendre ivre. »
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a.k.a Oscar Rade

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyLun 12 Juil - 22:09

« Aïe ! » Lâcha t-il, dans un souffle, une seconde, et l’air que la surprise lui fit expulser produisit un son à peine audible. Mais c’en était trop. Cette… vieille bique ! (!) était vraiment insupportable, à la longue. Oscar avait pourtant fait des efforts pour ne pas la froisser et pour se plier à ses désirs, il avait même accepté qu’elle l’insulte de tous les noms et qu’elle s’en prenne à sa mère. Il s’était tu, même sur cette offense-là, parce qu’il pensait que cette folle sénile crachait du venin sans réfléchir. Mais il s’était déjà écoulé une dizaine de minutes et sa rage n’était toujours pas calmée ? Bon sang, c’était celle du jeune homme qui commençait à bouillir.

Elle se permettait maintenant de lui envoyer des coups dans les tibias, en plus de ceux qu’elle lui balançait allègrement à la figure. Et elle voulait son nom ? Et pour quoi faire ? Pour aller dire aux flics de son quartier qu’un gamin mal appris avait voulu l’arnaquer ? Elle croyait vraiment que c’était le dernier des imbéciles, cette chèvre revenue d’outre tombe. Car elle se penchait à présent sur lui, et il pouvait assurer à qui voulait bien l’entendre qu’elle aurait dû rejoindre Orphée il y a bien des décennies de cela.

« Il est bien des sujets plus sérieux que le tien. En guise de réponse, idiot, tu n’auras rien ! »
! Eh ! Voilà ses belles tentatives tombées à l’eau ! Oscar ne pouvait en souffrir davantage. Il avait voulu l’arnaquer et ça n’avait pas marché, maintenant, il l’avait mené à un banc comme elle le voulait, et elle avait bu de l’eau : voilà qui était bien. Mais elle retrouvait le souffle et Oscar ne pu en supporter davantage : il voyait bien qu’elle allait recommencer ces incessantes attaques. Au diable la vieille folle ! Preuve en est, le garçon ne s’était même pas encore levé pour partir qu’elle en profitait pour le toucher au flanc d’une estafilade acerbe et acide. Molière, avait-il lu Molière ! Et ta mère, l'a donc t-elle lu, Molière ?!

« Il suffit ! » S’écria Oscar en se redressant. « Me prenez-vous donc pour un idiot de première !? Ah, vous dites ça à cause de mon sang, j’en suis sûr ! A vous entendre, il n’y a qu’un bon petit français sur vingt-trois génération qui soit bien éduqué et lettré comme il se doit ! Voyou dites-vous ! Dans ce cas que dire de cet affreux larcin que vous commettez depuis tout à l’heure : mon air, vous me le piller ! Et je ne peux respirer sans être mal à l’aise, comme s’il manquait de l’oxygène à mon air ! Fi, j’en ai assez ! Bien sûr que j’ai lu Molière ! Je sais lire, tout de même ! »

Et alors qu’il s’emportait, un officier qui traversait la rue près d’eux s’alerta de cette cohue. Il s’approcha de la table.

« Verzeihung, Sie zu stören, que zse passe, ici ? »

Oscar arrêta net son sermon et respira un grand coup. De l’Allemand ! Un policier allemand ! Il avala sa salive et son cerveau cherchait désespérément une issue à cette situation catastrophique. Déjà qu’il avait du mal avec ce démon, il fallait maintenant affronter un monstre allemand ! Allemand, allemand, ah ! et qui parle mal Français… Avec un peu de chance, tout ce qui l’avait amené ici, c’était la vue d’un jeune homme criant sur une vieille femme. Il avait encore une chance. Il se rassit promptement et sans laisser le temps à l’autre de parler à l’officier se dépêcha d’inventer un mensonge salutaire (…) :

« Oh, monsieur l’agent… désolé de vous avoir déranger… alors que vous vous baladiez… Seulement, voyez-vous, ma grand-mère a manqué de défaillir tout à l’heure, et je l’ai porté jusqu’ici. A présent, elle refuse de payer sa consommation, et je tente en vain de la convaincre. Alors comme elle est un peu sourde, parfois, je suis obligé de hausser le ton… mais ce n’est rien de grave, vraiment… »
Avec un sourire trop large pour être franc.
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Charlène Roquebleuet

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyMar 13 Juil - 19:44

Charlène n’aimait pas le garçon, mais elle aimait moins encore les Allemands. Si le premier était assez simplet, les autres étaient tout simplement monstrueux ; par exemple, qui aurait eu l’idée de manger de la charcuterie le matin ? Un Allemand ! Qui prendrait son dîner à six heures ? Un Allemand ! Et, pire que tout, dans quel pays avait vécu Wagner ? En Allemagne. Charlène avait donc toutes les raisons de ne pas aimer ces étrangers. Surtout parce qu’il ne venaient pas d’ici.
Oh, et d’ailleurs ils avaient envahi a France. Encore un mauvais point pour eux.
Elle n’avait donc pas beaucoup de solutions. Soit elle laissait le petit se faire embarquer par l’officier, soit elle entrait dans son jeu. Bien qu’elle fût tentée de laisser le petit juif – comme il venait de lui apprendre – se débrouiller tout seul, quelque chose en elle la révoltait tant à l’idée de laisser l’Allemand faire ce qu’il voulait qu’elle était prête à tout pour lui faire manger son uniforme. Aussi littéralement que possible

« Quéquidit ! »

Bon début, se félicita-t-elle. Une vieille carne détestable serait sûrement du genre à être sourde. Elle allait donc partir dans ce sens. Le petit avait de l’imagination. Elle ne devait pas trop surjouer – pour peu on l’aurait emmenée dans un camp lointain. Aussi, elle se contenta d’agripper de ses deux mains le col de l’officier et de secouer ses membres flasques et ridés en criant quelque chose qui ressemblait à peu près à cela :

« On n'est pas encore revenu du pays des mystères ! Il y a qu'on est entré là sans avoir vu de la lumière ! »

Oui, oui, cela correspondait bien à ce qu’une vieille dame un peu sénile ferait. La vieille Madame Ragotin roula des yeux, laissa un filet de bave couler et tua sa voix en un murmure :

« Il y a l'eau, le feu, le computer, Vivendi et la terre : on doit pouvoir s'épanouir à tout envoyer enfin en l'air… »

Ses yeux s’écarquillèrent, elle secoua un peu ses bras toujours crispés sur le col du pauvre Allemand. Elle poussa un petit cri, aigu, perçant, comme le bruit d’un pneu qui crève. Elle retomba sur sa chaise. Se tournant enfin vers le pauvre Oscar, elle conclut :

« Mon dieu, mon petit, j’ai encore oublié ma piqûre ! »
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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyMar 20 Juil - 15:58

D'accord ! Alors, tout ce que venait de dire la vieille n'avait absolument aucun sens, mais fichtre, quel élan ! Quelle virtuosité dans l'improvisation ! Elle était plutôt bonne comédienne, et ce jeter de corps sur le garde ! Impressionnant. D'ailleurs, l'allemand lui-même en fut sidéré. Il ne parvint qu'à bouger au moment exact où la mamie se rassit, plutôt, se laissa tomber, exténuée, agonisante, presque haletante sur la pauvre chaise du pauvre café. Bonne synchronisation ou avait-elle vu le geste de l'allemand ? Quoiqu'il en soit, c'était maintenant à Oscar d'agir :
« Mon dieu, mon petit, j’ai encore oublié ma piqûre ! »
Il avait eu le temps de se remettre et enchaîna tout de suite, pour paraître plus naturel :

« Ah, tu entends enfin raison ! Cela fait dix minutes que j'essaie de le dire...! » Puis, se tourna vers l'agent, avec une intention désolée :
« Voyez, monsieur, elle est... » Mais c'était inutile, le soldat s'était déjà essuyé, et furieux devant une si belle démonstration de couler de bave, tenta à son tour de dépasser le record. Notons que la technique germanique préfère le postillon éclatant à la lente chute. Chacun ses méthodes, nous ne jugeons pas, mais les deux protagonistes eurent bien été heureux, si d'aventure ils avaient possédé un parapluie.

« !! Ach ! Dégagez moi tout de suite diese kafé ! JETZT ! » Et il continuait de les arroser de termes allemands et sûrement de jurons, entrecoupés d'écume français, ou du moins d'une langue qui s'en approchait.

Oscar le remercia à plusieurs reprises, se courba tant qu'il pu et saisit sa mère-grand en herbe avant de s'en aller. Ils pressèrent le pas et tournèrent dès que possible. Alors, dans cette nouvelle rue qui semblait sans danger, le jeune garçon, par une retombée d'adrénaline ou un haut-de-bonheur éclata de rire. Entre deux salves, il demanda à demi mot, d'une façon plus rhétorique qu'interrogative :

« Où donc avez_vous péché des mots comme Kompiuteur et Vive Hendi ? » Avant de continuer à se tordre de rire. Tellement d'ailleurs, que son corps, emporté par la secousse, recula, et sa jambe, insouciante, glissa avant de déléguer tout son poids sur la cheville, qui, devinez quoi, se tordit elle aussi !
Oscar se ramassa la tronche sur le sol, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se fendre la poire.


Après un bon moment, il essaya de se redresser, mais estropieds comme il l'était, ne pu y parvenir. Sa larmichette de rire en devint presque une de pleur mais tant de bonne humeur n'aurait su être gâchée. Il dû abandonner à la septième tentative et laisser en même temps ses zygomatiques se reposer. Avec un air un peu plus sérieux et à la fois excessivement gêné, il leva la tête vers la vieille folle :

« Euh... madame... euh... je, je crois que je me suis foulé la cheville... vous... auriez-vous... p... pourriez-vous euh, me euh, prêter votre canne..? »
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Charlène Roquebleuet

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyDim 29 Aoû - 16:09

Charlène riait encore de ce pauvre Allemand qui s’était si magistralement laissé floué. Enfin, floué n’était pas le terme, elle l’avait simplement… subjugué par ses talents de comédienne. Oui, vraiment, Charlène était quelqu’un douée, bien plus que le commun des mortels. Aussi, s’avançant d’un pas royal, le menton relevé d’une manière gracieuse, la moue boudeuse, la vieille dame donnait, selon elle, un spectacle inoubliable. – Soit dit en passant, du point de vue des pauvres spectateurs, le spectacle était en effet inoubliable, celle d’une petite vieille mal tassée, au seins pendants, aux rides aggravées par son affreux rictus, déhanchant de telle manière qu’on eût peur qu’elle tombasse.

Toujours est-il que le miracle se produisit – vous m’avez compris, qu’elle ne soit ni morte d’une chute, ni morte de honte. Et, plus incroyable encore, le petit juif qui l’accompagnait fut le seul à tomber. Contrairement à lui, Madame Ragotin ne riait pas. Certes, elle était d’humeur joyeuse après cette petite scène qu’elle avait jouée avec le militaire, mais il lui semblait qu’une dame d’un certain standing ne devait pas s’abaisser à rire comme ce gamin… Elle le regardait avec un sourire aux lèvres, et à ce moment, elle pensa que jamais, jamais de toute la longue vie qui lui restait à vivre, elle ne serait aussi ridicule que cet enfant, qui riait, même à terre.

Mais elle ne pensait pas que sa promesse ne tiendrait guère plus que quelques secondes ; elle était à mille lieues, que dis-je, mille mondes.de cette pensée !

Oscar se releva. Ce fut à ce moment précis que l’impensable se produisit. Il demanda à Charlène Roquebleuet sa canne.

La première réaction de celle-ci fut, comme on s’y attendrait, la mortification. Elle ferma sa bouche, prit l’air d’un Anglais devant lequel on aurait utilisé le mot « flatulences ». Elle devint grise, interdite. Elle était incapable de concevoir qu’on lui demande sa canne, cela lui était littéralement incompréhensible. Et devant cette demande, elle eut une réaction aussi incongrue que la situation. Elle rit.

Son rire était aigre, désagréable, étrange, comme emprunté à une créature qui n’était pas de ce monde. Et son rire durait, long et ininterrompu, aussi effrayant que dérangeant. Et finalement, émergeant de ce son jusqu’alors inconnu, une phrase d’une voix métallique, désincarnée :

« J ’espère que c’est une blague ? »
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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyMar 31 Aoû - 22:40

En la voyant éclater de rire, Oscar sentit monter en lui un indicible espoir. La vieille, elle rit ! Elle rit. Emporté par son élan, il toussota quelques bribes de rire lui aussi, puis se laissa un peu aller – elle avait presque un rire communicatif, dites donc ! Il garda – toujours vaguement inquiet – les yeux rivés sur sa nouvelle mamie afin de scruter sa réaction prochaine. On ne pouvait pas trop prévoir ce qu’elle allait faire ensuite, cette brave… illuminée ? Qui plus est, l’attente était interminable. Maintenant Oscar ne riait plus du tout et fixait sérieusement la grand-mère. Imaginez qu’elle meure littéralement de rire. On allait encore tout remettre sur son dos ! Bon sang, quelle idée d’avoir voulu arnaquer le troisième âge, on avait toujours peur qu’il nous file entre les doigts à tout moment. Oscar voyait le moment où la Ragotin allait s’étouffer et tomber à la renverse.

Enfin, le rire s’arrêta : la bouche du garçon s’entrouvrit, pleine d’enthousiasme. Ah ? Ah ??
« J’espère que c’est une blague ? »

Ah ! Et sa tête chuta, comme un condamné qu’on vient de guillotiné. Bon sang… il s’y attendait, en plus… allez, se consola t-il, au moins elle est toujours en vie… - il savait pas vraiment s’il devait s’en réjouir.

« Je… mais… » Ah diantre, le ton était si froid, en fait clairement glacial : il avait tétanisé instantanément tous les rêves d’espoirs du petit juif. Et il aurait eu besoin de bien mieux qu’un simple chalumeau pour faire fondre la couche d’eau, solide comme le roc, avant de pouvoir leur permettre de revoir la lumière du jour.

Tant pis… il allait devoir se lever… Il essaya une énième fois et échoua une énième fois. Ah ! Maintenant ça commence à bien faire. D’où elle sortait la vieille, elle ne connaissait pas son nom, de toute manière, et vu ses sautes d’humeurs, elle aurait peut-être déjà tout oublié le soir même. Au diable le foutu respect. Elle avait bien assez de force pour lui crier dessus, c’est qu’elle devait tenir debout avec la même énergie !

Oscar sans plus de manière attrapa la canne de la grande mégère et la tira d’un coup sec. Profitant qu’elle allait sûrement se retrouver en état de choc pendant 3 mili-secondes, il s’aida du bois pour se redresser et tenir. Argh, il s’était vraiment fait mal. Quel imbécile. Tout ça à cause de l’autre folle : incroyable. Incroyable ! Il serrait ses dents et à bout, lâcha :

« Bon sang ! Je voulais juste me relever ! Avoir l’air un peu digne, avec tout ce que vous m’avez fait subir, vous pourriez au moins m’être un tant soit peu agréable. Tenez, là, n’y a-t-il pas des poubelles ? Peut-être pourrais-je trouver un parapluie. Après quoi je vous le rendreai, votre bâton ! » Et il entreprit de se diriger vers son but.
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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyMar 7 Sep - 15:23

Charlène Roquebleuet, en voyant l’air dépité du jeune juif, comprit qu’il avait été sérieux Comment cela, il ne jouait pas la mascarade ? Il était sérieux ? Cela en était presque indécent tant s’en était choquant. Aussi, se fut à son tour d’être tétanisée. Elle battit des paupières, à peine quelque secondes, puis elle sentit la main du petit sur le bout de bois dont elle ne pouvait se passer. Et quand Oscar tira la canne, La Ragotin en eût presque pleuré – plus exactement, elle eût pleuré que si elle eût un cœur (et des scientifiques de nos jours, se penchant sur la question, ont conclu que Mme Roquebleuet était un cas unique, qui ne possédait pas de muscle cardiaque). A la place, elle s’énerva violemment.

Mais cela ne s’arrêta pas au simple stade de l’énervement : Oscar Rade trouva un moyen pour aggraver ses fautes. Le jeunot fit d’abord pencher la canne, et la Vieille Folle perdit l’équilibre. Elle s’y agrippa férocement, mais une fois sa chute entamée, rien ne pouvait y remédier ; elle chut sur le pavé, ses jupes relevées montrant ses immondes jambes mal rasées, veinées et tachées par l’âge. Aussi, elle tenta de se relever, en attrapant la canne et en se hissant de toutes ses forces – si bien que, les deux tirant de toutes leur force sur le malheureux bois, il se cassa.

En moins de dix secondes, Charlène Roquebleuet fut humiliée au-delà de tout espoir de retrouver l’honneur non pas une, mais deux fois. On l’avait fait tomber, et on avait brisé sa canne. Et bien qu’elle n’eusse pas de cœur, elle ne manquait ni de véhémence, de violence ni de hargne. Avec le bâton qu’elle avait conservé dans sa main, cette ultime relique de ce qui avait été autrefois une canne, elle frappa le pauvre petit juif de toutes ses forces, criant, hurlant, injuriant à plein poumons le garçon qui avait eu le triste sort de la croiser un jour. Plusieurs fois la main se leva, brandissant l’écharde, autant de fois elle s’abattit, frappant ce qu’elle pouvait avec un cri abominable.

Au final, elle perdit son souffle, fatiguée de taper de son bâton. Elle roula sur le dos, respirant fortement et bruyamment. Elle ferma les yeux, puis posa ses mains au sol, tentant de se hisser debout – mais son pied glissa sur le pavé et, belle ironie du sort si ironique des fois, se tordit. Un silence gêné s’installa. Elle regarda la poubelle vers laquelle Oscar avait commencé à ramper - elle aperçut un manche de parapluie dépassant d’un sac ; elle cria « Le parapluie est à moi ! » et accéléra, trainant son vieux corps mou sur le sol, tentant de rattraper le petit Juif.
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a.k.a Oscar Rade

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MessageSujet: Re: Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ]   Paris s'éveille... [ ft. la Vieille ] EmptyLun 13 Sep - 0:53

« Aïe, aïe, aïe » enchainait-il en cœur, au tempo du bout de bâton sur ses oneilles. Il avait fini par réussir à fuir, même si la vieille avait tout gâché en brisant sa propre canne. Quelle imbécile ! Si elle l’avait laissé faire, il lui aurait rendu sa canne en moins de cinq minutes. Maintenant il fallait se battre pour trouver une béquille ! A quatre pattes, il se dandinait jusqu’à la poubelle quand, derrière lui, Madame Ragotin hurla :

« Le parapluie est à moi ! »

ARGH ! Des frissons traversèrent l’échine d’Oscar de la très haute cervicale au piteux lombaires. Ses dents grincèrent : cette vieille, c’était le diable en personne. Etrangement, le garçon songea qu’il aurait peut-être été mieux traité s’il s’était fait prendre par le soldat de toute à l’heure. Une intuition, comme ça…

Il tourna la tête et la vit en train de ramper, rouge. Décidément… toutes ces visions, il n’arriverait pas à dormir ce soir. Entre son rire mécanique et affreux, ses veines sur le front, sur les mains, sur les cuisses, ses yeux exorbités et ses injures. Cette pluie torrentielle d’injures, d’insultes, de cris et de remontrances. Doux Yave, pourquoi avait-il fallu qu’il tombe sur elle. Accélérant le… pas ? pour ainsi dire, Oscar arriva finalement à la poubelle. Le parapluie, il y avait donc un parapluie – si la vieille le disait. Essoufflé, surtout à cause des coups et du stress, le petit juif se débrouilla d’y mettre la main dessus assez rapidement. Il voulut trouver une autre perche, pour la folle, mais il semblait à bout de force. Il se retourna et s’effondra contre le mur à côté des déchets. Haletant et voyant l’inéluctable fatalité se rapprocher de seconde en seconde, il serra le parapluie contre son torse et, dans un souffle faible et vacillant :

« Le parapluie est à moi ! Vous n’aviez qu’à pas casser votre canne, sénile que vous êtes, je vous ai dit que j’allais vous la rendre… Ha, haa… cherchez vous donc un perchoir, maîtresse Corlaid ! je ne tomberai pas du mien… »

A en voir les facéties qu’il débitait à présent, il est facile de déduire qu’il était au bout du rouleau. Il ferma un moment les yeux, comme pour calmer la peine, mais lorsqu’il les rouvrir, la vieille était .
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